AMI NOP fait fort ... et saute les siècles allégrement !
(signé le webmaster)
Orange / Marcoule 11 mai 2012
Encore une de ces journées formidables comme nous les
aimons, où nous vagabondons pardessus
les siècles : de l’antiquité romaine et ses prestigieux vestiges jusqu’au
présent/futur et sa culture scientifique tellement ancrée dans notre quotidien
mais aussi pleine d’interrogations.
Si l’on vient à Orange, Arausio, il n’est pas question d’aborder cette ville
sans admirer l’Arc de Triomphe, de dimensions imposantes, construit env. 20 av.
J.C., symbole d’exploits guerriers sur la pacification de la Gaule et la victoire remportée par Auguste à
Actium sur la flotte d’Antoine et Cléopâtre.
Ensuite Orange c’est bien sûr le Théâtre Antique. Mais avant
de l’aborder nous passons par le Musée d’Art et d’Histoire. Véritablement
instructif : la salle des cadastres qui donne une idée grandiose de ce que
put être la présence des romains dans cette région immense qui couvrait de
Montélimart à Chateaurenard. Ce
cadastre, semble-t-il demandé par Vespasien pour des questions de recouvrements
d‘impôts, a été reconstitué à partir de fragments trouvés lors de fouilles à
partir du 18e S. Les terres étaient découpées selon un quadrillage
bien précis dont une partie aux centuries, une autre aux notables, et enfin aux
habitants locaux, les tricastinis, bien sûr pas les meilleures. Au sol une
grande mosaïque qui devait décorer une villa de notable.
Nous abordons ensuite le Théâtre, avec sa muraille de 103 m
de long et 36 m de haut, pièce maîtresse du théâtre. Louis XIV en parle comme
la plus belle de son royaume. Le rez-de-chaussée est percé de 17 portes avec au
centre la porte royale. Il ne reste au monde avec Orange que trois anciens
théâtres antiques de ce type : Aspendos en Turquie et Bosra en Syrie.
Ce théâtre, impressionnant de dimensions, dédié au culte de
l’empereur, avait pour but la diffusion de la culture romaine. Il fait partie
des premiers édifices construits dans la Province de Narbonnaise au début de
l’Empire , un triangle Cimiez/Narbonne/lac Léman ! Bâti sur le creusement
de la colline Saint-Eutrope et de pierres des carrières de Courthézon et
Sérignan ainsi que de marbre italien, il
reste un des plus emblématiques symboles de la domination romaine.
Il pouvait accueillir 8500 personnes, entrée gratuite, mais
le public était hiérarchisé, les notables aux premiers rangs et tout en haut le
poulatis, surtout des femmes lesquelles n’étaient acceptées qu’à condition de
ne pas parler ! Il va sans dire que pour écouter notre très sympathique
conférencière, Catherine, nous nous installons aux
places nobles.
A l’intérieur du théâtre, dans le mur de nombreuses niches,
dont les statues ont disparu, et au centre une niche monumentale qui abrite une
effigie colossale (3,50 m), vraisemblablement celle d’Auguste. Le mur était
également richement décoré de colonnes de marbre et de frises.
Entre la scène, bordée par un muret, et les gradins, un
espace appelé l’orchestra. Au dessus de la scène un toit d’une portée de 60 m,
il a une fonction d’abat-voix et protège également les comédiens, du soleil et
des caprices du temps. A l’origine en bois, maintenant en matériaux modernes,
il pèse tout de même 200 tonnes.
Le spectacle commence par le culte à l’empereur et le culte
au panthéon romain. Il durait toute la journée, surtout des comédies, et était
entrecoupé de petites saynettes d’inspiration libre, ancêtres de la comedia del
arte. Les comédiens étaient costumés selon des codes très stricts, chaussés de
cothurnes à semelles épaisses qui leur donnait une allure un peu dansante, et
ils portaient des masques et des perruques permettant de reconnaître les
personnages.
Hélas, au IVéme S changement de société, avec Constantin la
religion chrétienne prévaut et les symboles de l’ancienne religion sont
détruits. Puis suivent des périodes tourmentées, dont l’invasion des Wisigoths
puis des Sarazins. Aux XIIe et XIIIe s les habitants s’installent à l’intérieur
du théâtre en y construisant des maisons. Un incendie, et les tourmentes de
l’histoire, les guerres de religions, la Révolution, et ont laissé l’intérieur du théâtre à l’état
d’éboulis.
C‘est au XIXéme S que l’on pront conscience de l’importance
de ce patrimoine hors norme et que l’on décide de le faire renaître de ses
cendres grâce au travail remarquable et la ténacité d’ingénieurs et architectes tels que Caristie,
Daumet, Formigé. Les premières représentations virent des acteurs glorieux tels
que Sarah Bernard Mounet Sully, redonner son lustre à ce magnifique théâtre. Et
maintenant les Chorégies, unanimement applaudies.
Après cette mémorable visite, nous déjeunons (aïolis et
tarte aux pommes, tout un symbole !) dans une grotte dans l’enceinte même
du théâtre.
Et après l’époque romaine nous revenons de plain-pied dans
notre siècle.
A Marcoule, site de recherches et applications nucléaires où
y sont maintenant actives 5000 personnes, sur 280 hectares (et 7 km de
routes !).
La naissance de l’industrie nucléaire française. En 1954
choix du site de Marcoule par le CEA (Fonntenay aux Roses et Saclay) au pied de la colline « la Dent de
Marcoule », au milieu des vignobles ( where the swallows are flying high)
et en bordure du Rhône.
Production du premier réacteur au plutonium G1 à
refroidissement d’air. Production d’énergie électrique civile puis avec en
corollaire application à la Défense Nationale. Le Général de Gaulle visite le
site en août 1958.
Nous nous installons confortablement dans une salle de
projection où une video , commentée par deux tout jeunes et charmants hôtes
très high tech, nous donnera une vision explicative de l’évolution des
techniques et applications de l’énergie atomique, sous le patronage du CEA « Energies pour l’Avenir » et avec
comme partenaires AREVA Moult schémas,
dont celui du processus de vitrification dans des fûts des déchets nucléaires.
Après toutes ces explications qui doivent nous rendre
complètement perméables aux cycles et mystères du monde nucléaire, nous sommes
conviés à nous rendre sur le site de Phoenix. Autocar, badges, barrières de
sécurité. Et là nous sommes interpellés par un agent de sécurité, hilare,
bonjour les Normands, je suis du Cotentin !
Phénix, un réacteur à neutrons rapides RNR, (à réaction
nucléaire) , venant après le premier réacteur expérimental REP (réacteur à eau
pressurisée) appelé Rapsodie. En résumé rapide : gaine en acier
inoxydable, cuve principale, enceinte de confinement. Le combustible : après enrichissement de
l’uranium et manipulations, pastilles enfilées dans de longs tubes en alliage
de zirconium qui constituent des « crayons » lesquels seront
rassemblés en « fagots » Nous
en verront quelques-uns (inoffensifs) Le
sodium est le fluide colporteur. Le besoin d’eau quotidien pour le
refroidissement des circuits est assez colossal même si en partie réutilisé en
circuit fermé.
Nous visitons le site de Phénix : hélas celui-ci étant
en phase de démantèlement, nous n’aurons qu’une vision, grandiose, de la cuve … vide Un peu frustrant Nous posons pas mal de questions,
certainement un peu dérangeantes : que deviennent tous les matériaux issus
du démantèlement : les aciers et autres métaux sont recyclés dans
l’industrie. Quant au sodium, il est réactualisé pour des utilisations industrielles, mais
toutefois il se peut que quelques quantités « infimes » soient
injectées dans le Rhône !!! No comment !!!
La dernière phase de notre initiation aux arcanes de
l’ancien et du futur, le Visiatome. Remarquablement fait pour tout apprendre sur la radioactivité, le
nucléaire et les énergies de demain. Très intéressant à noter toutes les
expositions proposées par le site : des maths partout, Louis Pasteur 100
après, La Fusion, séismes et tsunamis, zoom sur la police scientifique.
Pour conclure une note comique, laquelle devra plaire à tous
nos valeureux champions surtout vélocipédiques : un vélo sur socle dont le
guidon est assorti de quatre rangées
d’ampoules loupiottes qu’il faut allumer à la force des mollets, tout en
réussissant à faire abstraction des encouragements totalement hypocrites et
hilares de tout un chacun !!! Il n’y eut pas de gagnant . Mais les dames,
n’ont pas démérité !!!
Michèle Maignal
27-06-12
Ancêtre Aminopien , ayant bravé et vaincu Phénix...
1 commentaire:
Comme toujours très beau commentaires de Michèle, Grace auxquels, nous nous replongeons dans cette agréable journée,
Merci Michèle pour ton travail
Annie
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