samedi, juillet 07, 2012

d'Auguste à Rapsodie...

AMI NOP fait fort ... et saute les siècles allégrement !
(signé le webmaster)


Orange / Marcoule 11 mai 2012


Encore une de ces journées formidables comme nous les aimons, où nous vagabondons   pardessus les siècles : de l’antiquité romaine et ses prestigieux vestiges jusqu’au présent/futur et sa culture scientifique tellement ancrée dans notre quotidien mais aussi pleine d’interrogations.

 Si l’on vient à Orange, Arausio,  il n’est pas question d’aborder cette ville sans admirer l’Arc de Triomphe, de dimensions imposantes, construit env. 20 av. J.C., symbole d’exploits guerriers sur la pacification de la  Gaule et la victoire remportée par Auguste à Actium sur la flotte d’Antoine et Cléopâtre.


 Ensuite Orange c’est bien sûr le Théâtre Antique. Mais avant de l’aborder nous passons par le Musée d’Art et d’Histoire. Véritablement instructif : la salle des cadastres qui donne une idée grandiose de ce que put être la présence des romains dans cette région immense qui couvrait de Montélimart à  Chateaurenard. Ce cadastre, semble-t-il demandé par Vespasien pour des questions de recouvrements d‘impôts, a été reconstitué à partir de fragments trouvés lors de fouilles à partir du 18e S. Les terres étaient découpées selon un quadrillage bien précis dont une partie aux centuries, une autre aux notables, et enfin aux habitants locaux, les tricastinis, bien sûr pas les meilleures. Au sol une grande mosaïque qui devait décorer une villa de notable.

 Nous abordons ensuite le Théâtre, avec sa muraille de 103 m de long et 36 m de haut, pièce maîtresse du théâtre. Louis XIV en parle comme la plus belle de son royaume. Le rez-de-chaussée est percé de 17 portes avec au centre la porte royale. Il ne reste au monde avec Orange que trois anciens théâtres antiques de ce type : Aspendos en Turquie  et Bosra en Syrie.

 Ce théâtre, impressionnant de dimensions, dédié au culte de l’empereur, avait pour but la diffusion de la culture romaine. Il fait partie des premiers édifices construits dans la Province de Narbonnaise au début de l’Empire , un triangle Cimiez/Narbonne/lac Léman ! Bâti sur le creusement de la colline Saint-Eutrope et de pierres des carrières de Courthézon et Sérignan  ainsi que de marbre italien, il reste un des plus emblématiques symboles de la domination romaine.

 Il pouvait accueillir 8500 personnes, entrée gratuite, mais le public était hiérarchisé, les notables aux premiers rangs et tout en haut le poulatis, surtout des femmes lesquelles n’étaient acceptées qu’à condition de ne pas parler ! Il va sans dire que pour écouter notre très sympathique conférencière, Catherine, nous nous installons aux
places nobles.


 A l’intérieur du théâtre, dans le mur de nombreuses niches, dont les statues ont disparu, et au centre une niche monumentale qui abrite une effigie colossale (3,50 m), vraisemblablement celle d’Auguste. Le mur était également richement décoré de colonnes de marbre et de frises.

Entre la scène, bordée par un muret, et les gradins, un espace appelé l’orchestra. Au dessus de la scène un toit d’une portée de 60 m, il a une fonction d’abat-voix et protège également les comédiens, du soleil et des caprices du temps. A l’origine en bois, maintenant en matériaux modernes, il pèse tout de même 200 tonnes.

 Le spectacle commence par le culte à l’empereur et le culte au panthéon romain. Il durait toute la journée, surtout des comédies, et était entrecoupé de petites saynettes d’inspiration libre, ancêtres de la comedia del arte. Les comédiens étaient costumés selon des codes très stricts, chaussés de cothurnes à semelles épaisses qui leur donnait une allure un peu dansante, et ils portaient des masques et des perruques permettant de reconnaître les personnages.

 Hélas, au IVéme S changement de société, avec Constantin la religion chrétienne prévaut et les symboles de l’ancienne religion sont détruits. Puis suivent des périodes tourmentées, dont l’invasion des Wisigoths puis des Sarazins. Aux XIIe et XIIIe s les habitants s’installent à l’intérieur du théâtre en y construisant des maisons. Un incendie, et les tourmentes de l’histoire, les guerres de religions, la Révolution,  et ont laissé l’intérieur du théâtre à l’état d’éboulis.

 C‘est au XIXéme S que l’on pront conscience de l’importance de ce patrimoine hors norme et que l’on décide de le faire renaître de ses cendres grâce au travail remarquable et la ténacité  d’ingénieurs et architectes tels que Caristie, Daumet, Formigé. Les premières représentations virent des acteurs glorieux tels que Sarah Bernard Mounet Sully, redonner son lustre à ce magnifique théâtre. Et maintenant les Chorégies, unanimement applaudies.



Après cette mémorable visite, nous déjeunons (aïolis et tarte aux pommes, tout un symbole !) dans une grotte dans l’enceinte même du théâtre.



Et après l’époque romaine nous revenons de plain-pied dans notre siècle.

 

A Marcoule, site de recherches et applications nucléaires où y sont maintenant actives 5000 personnes, sur 280 hectares (et 7 km de routes !).

 La naissance de l’industrie nucléaire française. En 1954 choix du site de Marcoule par le CEA (Fonntenay aux Roses et Saclay)  au pied de la colline « la Dent de Marcoule », au milieu des vignobles ( where the swallows are flying high) et en bordure du Rhône.

 Production du premier réacteur au plutonium G1 à refroidissement d’air. Production d’énergie électrique civile puis avec en corollaire application à la Défense Nationale. Le Général de Gaulle visite le site en août 1958.

 Nous nous installons confortablement dans une salle de projection où une video , commentée par deux tout jeunes et charmants hôtes très high tech, nous donnera une vision explicative de l’évolution des techniques et applications de l’énergie atomique, sous le patronage du CEA  « Energies pour l’Avenir » et avec comme partenaires AREVA  Moult schémas, dont celui du processus de vitrification dans des fûts des déchets nucléaires.

 Après toutes ces explications qui doivent nous rendre complètement perméables aux cycles et mystères du monde nucléaire, nous sommes conviés à nous rendre sur le site de Phoenix. Autocar, badges, barrières de sécurité. Et là nous sommes interpellés par un agent de sécurité, hilare, bonjour les Normands, je suis du Cotentin !

 Phénix, un réacteur à neutrons rapides RNR, (à réaction nucléaire) , venant après le premier réacteur expérimental REP (réacteur à eau pressurisée) appelé Rapsodie. En résumé rapide : gaine en acier inoxydable, cuve principale, enceinte de confinement.  Le combustible : après enrichissement de l’uranium et manipulations, pastilles enfilées dans de longs tubes en alliage de zirconium qui constituent des « crayons » lesquels seront rassemblés en « fagots »  Nous en verront quelques-uns (inoffensifs)  Le sodium est le fluide colporteur. Le besoin d’eau quotidien pour le refroidissement des circuits est assez colossal même si en partie réutilisé en circuit fermé.

 Nous visitons le site de Phénix : hélas celui-ci étant en phase de démantèlement, nous n’aurons qu’une vision, grandiose,  de la cuve … vide Un peu frustrant  Nous posons pas mal de questions, certainement un peu dérangeantes : que deviennent tous les matériaux issus du démantèlement : les aciers et autres métaux sont recyclés dans l’industrie. Quant au sodium, il est réactualisé  pour des utilisations industrielles, mais toutefois il se peut que quelques quantités « infimes » soient injectées dans le Rhône !!! No comment !!!

 La dernière phase de notre initiation aux arcanes de l’ancien et du futur, le Visiatome. Remarquablement fait pour  tout apprendre sur la radioactivité, le nucléaire et les énergies de demain. Très intéressant à noter toutes les expositions proposées par le site : des maths partout, Louis Pasteur 100 après, La Fusion, séismes et tsunamis, zoom sur la police scientifique.



Pour conclure une note comique, laquelle devra plaire à tous nos valeureux champions surtout vélocipédiques : un vélo sur socle dont le guidon est assorti  de quatre rangées d’ampoules loupiottes qu’il faut allumer à la force des mollets, tout en réussissant à faire abstraction des encouragements totalement hypocrites et hilares de tout un chacun !!! Il n’y eut pas de gagnant . Mais les dames, n’ont pas démérité !!!


Michèle Maignal
27-06-12

 Ancêtre Aminopien , ayant bravé et vaincu Phénix...