dimanche, novembre 29, 2009

Bonbons, caramels, CHOCOLATS ...



Non, non ils ne sont pas gourmands ... les Aminopiens !


Puyricard
28-10-09
Par une belle journée d’automne ensoleillée,
nos Normands, gourmands, par l’odeur alléchés,
s’en vinrent allègrement à Puyricard, bien décidés
à se délecter de tous ces délices chocolatés,
même si, paraît-il, la gourmandise est un vilain péché.
Entre-nous, qui a bien pu proférer une telle absurdité !

Cette région, près de Aix en Provence, est fort belle, surtout dans les couleurs de l’été indien.
La chocolaterie, est en pleine nature, très moderne. Le bureau d’accueil est une grande maison rose à péristyle et colonnades, où l’hôtesse nous passera un documentaire sur le cacao, ses provenances, (essentiellement régions équatoriales, et surtout le Sénégal), sa transformation et toutes ses utilisations. Nous saurons tout sur l’histoire de la chocolaterie, ses boutiques, ses camions de livraison qui lui sont propres, la fabrication très artisanale de toutes les spécialités si réputées.

Comme bien sûr rien ne vaut la démonstration in situ, nous visiterons les ateliers de fabrication. Pour y entrer, il nous faudra d’abord nous essuyer soigneusement les pieds sur un paillasson spécial, nous laver les mains et ensuite revêtir une tenue de cosmonaute blouse blanche et charlotte. Evidemment notre côté gamin ne résiste pas à toutes sortes de plaisanteries.

Nous humons cette merveilleuse odeur de cacao et nous marchons sur des tapis de copeaux de chocolat (attention aux glissades !). Nos yeux brillent, nos papilles frémissent de plaisir !

Pour commencer, nous aurons droit à une leçon de calissons, autre spécialité de Puyricard : melon confit, amandes douces et amandes amères, oranges confites, puis glaçage de sucre. Non seulement nous verrons les moules qui servent à la fabrication, mais nous aurons le plaisir de la dégustation.

Des machines de toutes sortes pour les chocolats moulés qui seront garnis, les enrobés, le tout fabriqué par une armée, calme et souriante, de personnes en blouse blanche et gants blancs. Des dégustations nous sont proposées à chaque étape de fabrication. De quoi assouvir nos fantasmes de plaisir gustatif, tellement sollicités par toutes ces odeurs, et le spectacle de ce chocolat fondant au sortir de buses qui s’en vont remplir des petits récipients moules à géométrie variable ; ensuite une raclette vient lisser le surplus. Après bien sûr un temps de refroidissement, chaque pièce de chocolat finie est emballée délicatement à la main !

Les « imparfaits », sont déclassés (env. 1 à 2 % de la production), et sont en partie vendus dans certaines boutiques, ou donnés à des associations caritatives et également au personnel.
Des bacs extrêmement contrôlés pour le suivi des commandes, les dates de conservation ; en effet, les chocolats et autres spécialités de Puyricard ne contiennent aucun additif, colorant ou conservateur. La période de grande activité se situe bien entendu pour la fin de l’année (env. 50% du C.A.) et où l’on fait appel à des saisonniers.

Nous ne partirons évidemment pas sans avoir fait ample provision de toutes ces merveilles, ce qui prouve que nous restons de grands enfants, et c’est tant mieux.

Michèle Maignal / Oct.2009


Carpentras
03-10-09

Parce que nous sommes des gens sérieux ( ? ! ) nous décidons de nous investir dans le tourisme industriel. Et là, à Carpentras, nous ne serons pas déçus. D’abord parce que notre guide conférencière, Elodie, est un remarquable puits de sciences.

Evidement rien de moins romantique ou artistique qu’une ancienne graineterie industrielle.
Abandonnée depuis des décennies, immense, sombre, pleine de toiles d’araignées et de poussière ! Mais c’est là où on prend la mesure de ce que des générations bien avant nous ont su faire et accepté de travailler dans des conditions difficiles à concevoir à notre époque. Parce qu’il faut imaginer ce que toutes ces machines engendraient comme bruit et comme poussière.

La graineterie date de 1911 et a su profiter du train qui passe à Carpentras depuis 1862 pour exporter dans l’Europe entière. A une époque 30 à 35 personnes y travaillent, plus 12 représentants et 30 courtiers. Et jusqu’à une certaine période jusqu’à 1000 tonnes par an. Puis un premier déclin en 1960 et en 1970 jusqu’à la fermeture définitive. Inscrite au supplément de l’inventaire des monuments historiques, elle devrait être transformée en écomusée, après réhabilitation et remise en état de l’électricité. Pour la petite histoire : la liaison passagers Carpentras/Avignon devrait être rétablie d’ici 2013.

La vocation de cette graineterie était le décorticage et le traitement des graines de toutes sortes : sainfoin, luzerne, orge, tournesol, épeautre, lavande et autres lentilles et pois chiches, toutes productions de cette région du Comtat Venaissin très agricole. Mais la plus intéressante étant le psyllium, dite « puce » de par son aspect et connue encore de nos jours pour ses vertus médicinales (digestives). Hélas cette plante n’est plus cultivée en France et la production vient essentiellement de Pologne.

Comme il fait très sombre et pour nous permettre de comprendre toutes les explications de démonstration de toutes les machines, au rez-de-chaussée, nous sommes armés de lampes de trappeurs très puissantes. Les machines sont anglaises, allemandes, une française, et une américaine avec des rouleaux en velours qui sert au lustrage du riz (de Camargue of course !).

Pour accéder au premier et deuxième étage, des escaliers genre échelles de meunier : silos, élévateurs à godets, trieurs, toboggans à vis, souffleries, etc. Au deuxième étage un tout petit « laboratoire » où sont analysées les graines pour déterminer de leur utilisation et destination. Une « nursery » pour les faire germer sous cloches (genre ventouses de notre enfance !).

Nous ressortons à l’air libre et partons pour notre prochain R.V. : la fabrique artisanale de berlingots, Confiserie du Mont Ventoux, fondée en 1946.
Et, oh ! surprise, une fabrique ultra moderne, claire à milles lieues de ce que nous supposions. Nous entrons par la boutique, un éblouissement, un régal pour tous les gourmands/gourmets : odeurs, couleurs, le tout dans des bocaux, sachets, boîtes colorées, et autres petits paniers garnis. Nous savourons des yeux les pâtes de fruits, calissons, bonbons à la réglisse et à la gomme verte, et autres nougats, meringues, pralines, et bien entendu les berlingots de toutes les couleurs.

Le terme de berlingot aurait comme origine l’italien « berlingozzo », tarte italienne plate et sillonnée de lignes de couleurs. Il semble que le Pape Clément V au XIVe S., bon vivant, ait été l’artisan de l’essor en France dans le Comtat Venaissin de cette confiserie, où quantité de fabriques ont perpétué cette spécialité pendant des siècles. A savoir que dans les années 40 / 50 on fabriquait 2000 tonnes de berlingots par an

Le berlingot ayant une image un brin surannée et vieillotte, nous serons plus que surpris par le maître des lieux qui nous accueille dans son laboratoire : jeune, sympa, costume blanc de pâtissier, très pince-rire et l’air heureux de nous accueillir. Etant le troisième de la génération de la dynastie il est tombé tout jeune dans la marmite et nous aurons droit à une démonstration digne d’une émission de télévision de grand style, magicien du berlingot :

Formule de base : sucre, eau, sirop de glucose, et on récite une formule magique en la mettant dans une grande bassine en cuivre. On laisse bouillir jusqu’à 160° puis on étale sur le marbre : on laisse un peu refroidir, on ajoute colorant et arôme puis on plie et replie la pâte ; pour les stries blanches uniquement une boule de cette pâte travaillée et appliquée en fins filaments sur la surface de la préparation de base sur le marbre. Ensuite on fait un ruban, que l’on étire dans une « boudineuse » et que l’on passera dans une machine à découper genre hachoir à viande de nos grands-mères. Tout cela artisanal et dans une ambiance de bonheur de ceux qui aiment leur métier et ont le don de le faire savoir.

Après nos achats de friandises, prochaine étape : le restaurant « L’hibiscus » de l’hôtel Safari. Cette plante magique est partout présente : dans de magnifiques jardinières, décorations, et jusqu’aux très beaux sets de table. Un cadre super, une cuisine raffinée, un chef de grande allure et de grand talent !

Ensuite, rien de tel qu’une bonne flânerie au bord de l’Auzon, d’autant plus que le temps s’y prête. Le parking où nous avons R.V. s’appelle Fenouil, du nom du monsieur très malin et entreprenant, propriétaire du château de la Roseraie, qui a eu l’idée d’une fabrique de ferblanterie permettant la conservation des fruits et légumes de la région ce qui a fait sa fortune.

L’Auzon prend sa source à Flassans et se jette dans le Rhône après Orange ; et il a des caprices comme nombre de cours d’eau de la région, comme par exemple en 1992 l’Ouvèze à Vaison la Romaine et bien d’autres qui ont provoqué tant de dégâts et de morts même à Aix en Provence (dixit Denis qui le souligne de façon véhémente !).

A une époque la ville comptait 17 couvents, tous vendus à la Révolution, un quartier de la tannerie jusqu’au 19ème siècle, et bien sûr des moulins à eau maintenant disparus. Près du pont, une chapelle N.D. de la Santé du 15e S. avec à côté l’Hermitage qui « accueillait » les pestiférés. En 1720, le 3 août, la cloche sonne et, grâce aux prières, « la grande peste ne passe pas » ; tous les ans depuis la cloche sonne à cette date en souvenir de ce miracle.

Notre promenade nous amène jusqu’au canal (dont l’eau vient de la Durance). Celui-ci ne s’est pas fait sans mal. Depuis très longtemps on s’emploie à créer des canaux dans la région, St Julien près de Cavaillon étant l’un des premiers. Mais les habitants de Carpentras s’y opposent, considérant qu’il ne servirait à rien. Pourtant la maladie des vignes, le phylloxera, et vers 1850 la maladie du ver à soie ont eu raison de leur résistance, la région devant se tourner vers de nouvelles cultures très gourmandes en eau. Et surtout il aura fallu l’obstination d’un M. Giraud, de Pernes les Fontaines, qui s’inspirera des plans d’un ancien ingénieur visionnaire qui n’avait pu mener en son temps son projet à bien. Et l’inauguration du canal en 1857 se fera non pas à Carpentras mais à Pernes les Fontaines.

Carpentras (carpentorax : ville des chars) abrite aussi un ancien aqueduc. Notre visite s’achève par le grand parc, anciennement lieu d’un important marché chaque jour différend : maraîcher, oiseaux, cochons, moutons, etc. Carpentras reste la ville où le 27 novembre le cours officiel des truffes fait référence.

Autre curiosité à noter : une église comporte l’inscription « Liberté Egalité Fraternité » sur son fronton, comme à Aups dans le Haut Var, et paraît-il aussi dans tout le Comtat Venaissin.

Pour conclure, une journée réussie pleine d’enseignements et de bonheur comme nous les aimons. D’ailleurs Florys a adressé à toutes les dames organisatrices de la sortie un message de félicitations. Merci pour elles.

Michèle Maignal
Octobre 2009