dimanche, novembre 28, 2010

Les Baux de Provence... par Michèle.


LES BAUX DE PROVENCE

16 oct. 2010







L’arrivée sur le village est impressionnante : un univers chaotique, désordre minéral fait d’éboulis de roches et d’aiguilles acérées qui, comme des guerriers, monteraient la garde pour interdire toute approche. Et le château, ancienne forteresse, où plutôt ce qu’il en reste, se confond totalement avec le large éperon rocheux dénudé sur lequel il est accroché qui domine la plaine de la Crau jusqu’à la mer. Baux, Balc, signifie « escarpement ».

Construit au 10e S par Isnard, début d’une lignée de seigneurs ambitieux et conquérants jusqu’à la démesure et s’imposa en Provence au gré des luttes, intrigues et alliances. Selon Mistral « Race d’aiglons jamais vassale ».

Au 12eS ils prirent comme devise « Au hasard Balthasar » entretenant la légende de leur descendance de ce Roi Mage, d’où sur leurs armes l’emblème d’une étoile à 16 raies d’argent.

En 1162 après la défaite face aux Comtes de Provence, le château est rasé, mais bientôt reconstruit.

Nouveau déferlement de violence fin du 14e avec Raymond de Turenne, tuteur de la jeune Alix des Baux, surnommé le fléau de la Provence. Ce seigneur brigand sema la terreur dans toute la région et rançonnait à tout va. Ceux qui ne pouvaient pas payer étaient précipités du haut du rocher. D’une cruauté sans nom il était d’une jalousie morbide ; il tua sa maîtresse dans un accès de rage, préleva son cœur qu’il cuisina et le servit à sa femme. L’histoire ne dit pas si elle s’en régala !

La seigneurie des Baux échut par héritage à René d’Anjou, dit « le bon Roi René » puis ensuite dans les mains du roi de France.

François Ier vint visiter la place-forte des Baux où il fut accueilli avec des fêtes somptueuses par la noblesse et plein de jeunes et jolies filles. L’une d’elle attire son attention et il l’invite ; elle semble ne pas lui résister mais, très vertueuse, expose son visage aux vapeurs de soufre. Défigurée elle se cache sous un voile et le roi est rempli d’effroi lorsqu’il la voit. Il dira qu’il n’a pas pu consommer son casse-croûte ! Comme courtoisie il y a mieux ! Ensuite on vantera partout la grande vertu des jeunes filles des Baux.

Avec la Réforme qui se répandit dans la ville les passions se déchaînent. Ses partisans s’emparèrent du château, ont détruit la chapelle et jeté les reliques de Sainte Catherine dans un puits. Du temple de l’époque, démoli par la suite, il reste une fenêtre conservée sur laquelle la devise « Post tenebras lux » (après les ténèbres la lumière) est toujours visible.

Sous Louis XIII et suite à une révolte du Parlement d’Aix ce château qui narguait la puissance royale fut assiégé et les remparts démantelés. Les habitants durent racheter le château, mais totalement impécunieux ils le laissèrent démanteler par des petits entrepreneurs de la région.

En 1642, le Roi rachète le château, totalement en ruine, et en fait cadeau aux Grimaldi pour les remercier d’avoir chassé les Espagnols du Rocher. Ils deviennent ainsi Marquis des Baux, titre uniquement honorifique maintenant.

Pour accéder au château on traverse le village, ses rues pentues où se succèdent boutiques de souvenirs, d’artisanat d’art, et restaurants ; un peu village musée. Un vilain mistral glacial s’est invité et nous accompagnera avec obstination pendant toute la journée

De cette forteresse, gardienne des Alpilles, il ne reste pratiquement rien, et notre guide nous invite à faire preuve de beaucoup d’imagination pour nous représenter l’ampleur et la majesté de cet ensemble fortifié qui avait dû être grandiose.

Le parcours, avec des passages quelques fois plutôt « acrobatiques », est jalonné de grands panneaux colorés explicatifs représentant la vie dans cet environnement si particulier et aride où il n’y avait pas d’eau qu’il fallait aller chercher jusqu’au Val d’Enfer pour la remonter à dos de mulet.

Comme pour illustrer l’esprit belliqueux de cette place forte on a installé d’impressionnants engins de guerre. Le couillard (au nom évocateur dû à sa forme particulière !) peut envoyer des projectiles de 30 à 80 kilos à une portée de 180 m à une cadence de 10 coups à l’heure. Le trébuchet quant à lui, moins rapide que le couillard, a une portée de 400 m. Un autre engin plus léger, la bricole, était manié par des femmes et les vieux. Ces engins imposants étaient loués et arrivaient en pièces détachées et montés sur place.

Le trou aux lièvres intégré au système de défense était un passage souterrain protégé sous la surveillance des gardes postés dans une galerie en surplomb. Des ennemis qui réussissaient quand même à entrer butaient sur une fausse porte et étaient capturés. La Tour Sarrasine : au Moyen Age les razzias des barbaresques, sarrasins, étaient monnaie courante et des hommes en armes y étaient postés en permanence en observation.

La vie s’organisait en « première basse-cour » qui accueillait l’ensemble des fonctions résidentielles et communes. Le seigneur et sa famille logeaient dans le donjon situé tout au sommet. Un grand bâtiment contigu abritait la chapelle, des salles voûtées d’ogives, la citerne et la maison du four. La « seconde basse-cour », isolée de la première par un fossé, abritait quant à elle les ateliers et le personnel domestique. Un peu plus loin d’immenses pigeonniers attestaient de la fortune du seigneur. Des grottes troglodytes servaient d’habitat et de rangement pour conserver l’eau et l’huile.

Outre Frédéric Mistral un autre poète, Charles Rieux, a su chanter les heurs et malheurs de cette contrée où un mausolée lui est consacré. Fils de fermiers illettrés, d’une famille de 10 enfants, il veut devenir poète et encouragé par Mistral écrit en provençal et il a même traduit en Provençal l’Odyssée d’Homère !

Au XIVèmeS le village des Baux comptait 3000 à 4000 habitants ; il y avait un hôpital, des

arènes. Le village est resté longtemps abandonné à partir du XIXe S. Il a été ressuscité à partir de 1950 grâce à l’obstination d’un maire pugnace, Raymond Thuillier, célèbre cuisinier français.

Arès le déjeuner nous nous rendons à la Cathédrale d’Image au Val d’Enfer à deux pas de la cité des Baux, une carrière désaffectée, (température toujours égale à 16°), un endroit à la fois grandiose et chargé de mystère lieu de création de « l’image totale » créé en 1977 par Albert Plécy, journaliste féru d’images. Des grands noms y ont laissé leur signature tels le Commandant Cousteau, Haroun Tazieff et Jean Cocteau l’a choisi comme cadre de son ultime film « le Testament d’Orphée ». Il semble Que la ville des Baux n’ait pas voulu renouveler le bail à l’association. Quid de son devenir ?

Cette année c’est l’Australie (réalisation Jean Charbonneau) dont nous verrons défiler les images, projetées sur les murs, le plafond, le sol. Nous sommes immergés « dans » les images aux couleurs somptueuses. Paradis des oiseaux (700 espèces), des plantes et des animaux étranges, les paysages désolés du busch ou la vie trépidante des grandes villes. Les peintures réalisées par les Aborigènes, hautes en couleur très riches à la symbolique puissante.

L’Australie couleur grande bleue où nous assistons à l’arrivée du voilier L’Endeavour du Capitaine Cook en 1770, sur une côte des plus inhospitalière où plus de 800 navires ont coulé. Et la grande barrière de corail de 2000 km, 5000 îles ou récifs, la plus grande structure vivante sur terre. Les forçats et aventuriers suivront pour peupler ce continent inexploré. L’Australie verte du littoral et l’Australie blanche des villes où vit 90 % de la population.

Par contraste, l’Australie rouge de l’Outback, forêts d’eucalyptus, puis le spinifex, buissons d’herbes piquantes, où vivent les dragons, les goannes, et enfin les immensités rouges où souffle le vent sur un paysage infini, monde du silence, et au milieu de nulle part une baraque, une station multiservice.

Les aborigènes 2,2 % de la population ne forment pas un peuple homogène avec env. 200 langues différentes. Longtemps en bute aux conquérants venus d’ailleurs, maintenant les deux-tiers vivent en milieu urbain.

Un autre continent, un autre monde fascinant par son immensité, sa diversité, ses contrastes, avec un côté un peu mythique à la fois si proche et si loin de notre culture et ses symboles aussi éloignés l’un que de l’autre que sont l’Opéra de Sydney et le Rocher Ayers Rocks.

Michèle Maignal

Novembre 2010

mercredi, octobre 06, 2010

Escapade Normande... daprès Michèle.






Escapade normande

ROUEN

Quelle belle ville. Et pas si humide que cela (les réputations et les a priori ont la vie dure). D’ailleurs les parapluies n’ont pratiquement pas servi. Et puis, foi de Normands, ce n’est pas quelques gouttes de pluie qui auraient pu nous faire peur.

Car nous avons marché, arpenté, regardé, admiré, la tête levée et le nez au vent, humé l’air de la ville ; nous avons pu nous imprégner de son histoire, de son passé, si riches, et de son présent si agréable où il fait bon vivre.

Surtout nous avons été gâtés avec un guide-conférencier absolument fascinant : Dominique.
Nous avons toujours eu la chance au cours de nos visites de croiser des hommes et surtout des femmes de très haut niveau. Mais lui est vraiment hors normes. Une érudition époustouflante, racontée avec gaîté et jubilation à un débit de mitraillette, entrecoupé de quelques « blagounettes » généralement visant les dames, plus quelques questions insidieuses pour voir si l’on suit. Pas le temps de reprendre son souffle. Il vit ce qu’il nous raconte ; tout le corps participe : la tête bouge, les bras se lèvent, les doigts virevoltent. Un acteur au service de son art. Un virtuose !

Notre première visite sera pour le Musée Le Secq des Tournelles, anciennement église Saint Laurent des XVe et XVIe siècles devenue Musée de la Ferronnerie qui abrite une fantastique collection d’arts du fer . Ce musée a été démarré en 1862 par Henri Le Secq des Tournelles, héliographe (photographe) des monuments et continué par son fils qui l’a légué à la Ville de Rouen en 1921.

Ces collections aussi vastes que variées reflètent les modes de vie, l’ingéniosité, et les qualités artistiques des anciennes générations : des grilles d’une finesse de dentelle extraordinaire, des rampes, heurtoirs, clefs, serrures d’une complexité et ingéniosité remarquables, et beaucoup d’enseignes, toutes plus belles les unes que les autres, tellement inventives, aux noms évocateurs : « à l’homme armé », « au puits sans vin », « à la tête de Maure », « à l’arbre sec ». Une maquette conservée du clocheton de la cathédrale a permis une reconstruction fidèle lors de la dernière grande tempête qui l’avait mis à mal. Un coffre à linge en bois ferré, est l’ancêtre de l’armoire laquelle n’apparaîtra que fin 15e/déb.16e S.

Au premier étage, les métiers : chirurgie (clystères, trépans, et autres instruments de torture sensés vous guérir), barbiers, vènerie, tailleurs de pierres, appelés appareilleurs, avec leurs compas, maîtres à danser (pour mesurer l’intérieur d’un volume), pantographes, et encore des balances, pesons, trébuchets.

Un autre aspect de ces collections, les éclairages (mouchettes, éteignoirs), briquets, des plaques de châtelaine, des corsets en fer et ceintures de chasteté, et beaucoup de bijoux en acier poli à facettes reflétant la lumière. Encore plus surprenant : la fonte de Berlin, née au XVIIIe S et qui perdure jusqu’à la fin du XIXe.A l’origine : pour aider à l’effort de guerre lors des guerres napoléoniennes, la Prusse et la Saxe demandent à la population de faire don de tous les bijoux, vaisselle et objets de valeur. Pour les remplacer, tous ces objets seront reproduits en fonte, alliage de fer et de carbone, d’une couleur gris-noir laquée ou patinée. Leur succès est tel qu’il dépassera rapidement largement les frontières de l’Allemagne.

L’après-midi sera consacré à la découverte de Rouen en compagnie d’un autre guide, Jacques. Il y aura évidemment beaucoup à voir et à raconter. Pour commencer, la cathédrale, gothique, construite sur plusieurs siècles avec une flèche de fonte la plus haute de France. Si des statues manquent sur la façade, il ne faut pas, selon Jacques, incriminer la Révolution comme on a coutume de le croire, mais plutôt les guerres de religion. Dont acte. A l’intérieur de la cathédrale, quelques vitraux rescapés de la guerre et nous pouvons voir l’impact des trois bombes qui sont tombées à l’intérieur, une n’ayant pas explosé, les deux autres ont causé d’importants dégâts comme on peut le voir sur des photos d’époque. Heureusement les énormes piliers de soutien ayant par miracle tenu bon la cathédrale est restée debout.

Dans le vieux Rouen, des rues piétonnes qui en conservent le charme, des maisons à pans de bois et à encorbellement. Ce détail architectural avait pour but de gagner de la surface en étages, puisque que les taxes étaient perçues sur la surface au sol. Malins les Normands. Des rues tellement étroites que l’on pouvait se parler, et même se bagarrer, d’une maison en face de l’autre. Victor Hugo avait nommé Rouen la ville aux cents clochers ; en réalité il y en aurait en fait 127. Surprenant, non ? La ville comptait aussi un nombre très important de fontaines, dont une conservée ressemble au fameux Mannenkenpis. Plus loin, une belle porte sculptée que le gros Goering, qui pillait sans vergogne toutes les œuvres d’art qui lui plaisaient, n’a pas pu emporter parce qu’elle ne rentrait pas dans le coffre de sa voiture.

Nous ne pourrons pas visiter toutes les merveilles que recèle la ville, comme par exemple l’église Saint Maclou, joyau de l’art gothique flamboyant, la Palais de Justice, ancien Parlement de Normandie, l’hôtel de Bourgtheroulde. Parmi les curiosités incontournables : l’Aître Saint Maclou (du latin atrium) cimetière dont la création remonte à la Grande Peste Noire de 1348. Vers 1521/22, nouvelle épidémie et pour augmenter les capacités du cimetière on y construit autour des galeries surmontées d’un étage à usage d’ossuaire. Toujours cimetière jusqu’en 1781, l’Aître abritera une école pour garçons pauvres du quartier. Après diverses activités, elle abrite maintenant l’Ecole Régionale des Beaux Arts.

Et puis bien sûr la plus célèbre des curiosités : le Gros Horloge. LE, parce que à l’origine le français comportait trois genres, le neutre ayant été remplacé par le masculin. Dans un beffroi gothique à arche renaissance, un mécanisme extrêmement sophistiqué qui continue de faire l’admiration de tous. Une aiguille unique pointe l’heure sur un double cadran avec l’agneau pascal qui symbolise les armes de la ville.

Le soir nous nous retrouvons tous pour dîner au restaurant Pascaline. Le repas s’y déguste avec plaisir dans une ambiance des plus agréables comme il se doit. Nous ne manquerons pas de téléphoner aux Ramier, qui n’ont pu venir, pour un vibrant coucou. Coco aura droit à un ban enthousiaste pour la remercier de son organisation. Un merci collectif à Florys pour avoir créé l’association. Qui est une « Amicale » dans le vrai sens du terme.

Ensuite, la nuit tombée, nous irons admirer les illuminations sur la façade de l’Hôtel des Beaux Arts. Eblouissant : il s’agit de projections en immense sur la façade de tableaux les plus célèbres des Impressionnistes, dont celui nettement moins connu de Caillebotte « Vive la France ».

Puis tout le monde va se coucher, pour la plupart au même hôtel, d’ailleurs très bien situé en plein centre, fatigué et content, espérant bien dormir parce que le lendemain nous aurons droit encore à un programme chargé …

Dès potron-minet, Coco entraîne une petite équipe de marcheurs courageux et curieux pour une autre visite de SA ville. Pour certains une vraie découverte, pour d’autres une redécouverte.

Place du Vieux Marché où Jeanne d’Arc fut brûlée vive le 30 mai 1431 et où une statue moderne y magnifie la grande sainte ainsi que l’Eglise Sainte Jeanne d’Arc, d’une architecture résolument moderne et audacieuse qui fit hurler les Rouennais lors de sa construction. La toiture évoque la mer avec une couverture couverte d’écailles, les ouvertures sur un côté sont en forme de poisson, symbole du Christ. Mais le plus admirable sont les vitraux anciens très colorés provenant le l’ancienne Eglise Saint Vincent détruite pendant la guerre. Heureusement, un conservateur, M. Potier ( ?), homme habile et prévoyant avait eu l’idée de faire auparavant descendre ces joyaux de l’art religieux et les entreposer dans des caisses à l’abri. De l’extérieur, le soir ces vitraux illuminés par l’intérieur de l’Eglise offrent un spectacle féerique. Croyant ou non-croyant, c’est l‘émotion à l’état pur. Remarquable, le marché couvert est toujours là dans le prolongement de l’église. Merci Monsieur Jean Lecanuet.

Plus loin, la Maison natale de Corneille, puis la Maison de Gustave Flaubert, qui était chirurgien, devenue Musée de la Médecine. Nous nous en mettons encore plein les mirettes avec le Palais de Justice et bien d’autres monuments anciens. Nous longeons le Champ de Mars pour arriver jusqu’aux bords de Seine où les anciens docks ont été aménagés en promenade. Au loin, le nouveau pont à tablier unique levant permettant aux grands voiliers de venir jusqu’au cœur de la ville. Rouen a développé un réseau de transports urbains modernes, et non-bruyants, métro-bus, nombreuses lignes de bus. D’ailleurs une grande artère a proximité des quais est réservée à la seule circulation des bus dans les deux sens ; les voitures y sont interdites.

Vite, dépêchons-nous pour notre premier rendez-vous avec notre phénomène Dominique au Musée des Beaux Arts pour l’Exposition « Une ville pour l’impressionnisme ».où nous aurons encore droit à un show éblouissant.

Equipés de nos oreillettes et Dominique de son micro, nous partons à la découverte de toutes les toiles qui ont Rouen et sa région pour thème. Turner en précurseur, Monet le reconnaît comme son Maître.. Et bien sûr parmi les œuvres les plus marquantes on retient pardessus tout Monet et sa perception de la cathédrale de Rouen peintes entre 1892 et 1894 où il traduit tous les frémissements des ombres lumières. Durand-Ruel lui consacre en 1895 une exposition où seront exposées vingt versions de la cathédrale peintes à toutes les heures de la journée et tous les temps. Pissaro, Gauguin, Boudin, Sisley et d’autres moins connus tels que Albert Lebourg ou Charles Frechon ont séjourné plus ou moins longtemps à Rouen.

Leurs pinceaux magiques ont immortalisé la ville, les vieilles rues et le Gros Horloge, la Seine et ses clapotis, l’île Lacroix et le pont Boieldieu, la Côte Sainte Catherine, les ciels mouillés, laiteux ou chargés de nuages, ou même clairs et lumineux. Et aussi le pont de chemin de fer et des fumées d’usines, le développement industriel de la ville étant en marche. Traduisant la ville dans son vécu, une immense place mouillée le soir, des dames vues de dos qui se hâtent en relevant leur jupe à cause de la pluie, des lampadaires qui diffusent une lumière blafarde, et au loin un pont.


L’après midi : visite du Musée de la Céramique, toujours avec Dominique
Bien avant Rouen on connaît au XVIe S les premiers ateliers de faïence en Ombrie et Toscane et à Nevers. Toujours en bleu et blanc influence de la porcelaine de Chine Dans les années 1550 Masseot Abaquesne démarrera une importante production de pots à pharmacie pour poudres, onguents, simples et autres, et surtout pour la Thériaque (panacée universelle de 98 composants dont du venin de vipère). Pour atteindre les températures très élevées nécessaires aux cuissons des céramiques il fallait pour alimenter les fours d’énormes quantités de bois. Jusqu’en 1690 aucune décoration ne comportera de couleur rouge parce que le pigment fusait (migrait) dans le support ; c’est à cette date que l’on commence à maîtriser la couleur rouge par petits traits.

Pendant une certaine période si Delft aura la prépondérance de la céramique sur le plan mondial c’est Rouen qui dominera sur le plan national. Après différentes fortunes, la faïencerie connaîtra un essor certain sous Louis XIV qui, pour financer les efforts de guerre, sollicitera la population à faire don de sa vaisselle en métal précieux. Las ! La vaisselle est enterrée et ni vu ni connu on la remplacera par de la faïence. De très belles pièces, pichets, aiguières, bannettes (corbeilles à pain) de forme rectangulaires à coins coupés, que nous pouvons admirer sur une table dressée « à la française », c’est-à-dire sans les verres tous les plats étant apportés ensemble sur la table.

Un des grands noms de la faïencerie est Charles Haviland porcelainier qui ouvre en 1872 un atelier de porcelaine expérimentale. Il confie la direction de son atelier parisien à Félix Bracquemond qui introduit dans la céramique la technique du décor à la barbotine colorée sur terre cuite mise au point par Ernest Chaplet. On appelle un dessin préparatoire « un poncif ».Après avoir donné une forme à l’argile, au tour ou au moule, la terre crue est cuite une première fois « au dégourdi » autour de 800°C. Le décor est alors peint sur la pièce à l’aide d’un pinceau trempé dans de la barbotine colorée composée d’argile liquide et d’oxydes métalliques. Une fois sec ce décor est recouvert d’une épaisse glaçure, souvent chargée en plomb, avant de subir une nouvelle cuisson.

On introduira les peintures impressionnistes qui trouvent difficilement amateur ; on préférera les décors de fleurs et oiseaux dont on retiendra entre noms celui de Charles Midoux et les paysages à la Corot. Un autre nom à retenir est celui de Marie Bracquemont qui introduira le portrait dans l’art de la faïence. D’étonnantes œuvres ont été réalisées, comme par exemple ces deux mappemondes, prouesse technique, portées sur colonnes, l’une représentant le globe terrestre, l’autre le globe céleste. Au XIXe des vitrines de boutique auront pour décor des œuvres monumentales en faïence illustrant leur activité, comme par exemple un magasin de fleurs ou d’instruments de musique.

Nous traversons un tout petit salon tapissé de lambris en chêne sculpté, rescapés d’un petit pavillon à musique déménagé pièce par pièce en Amérique ; ces lambris n’entrant pas dans les caisses de transfert nous pouvons continuer à les admirer. Puis, cette visite pleine d’enseignements se termine et nous prenons congé à regret de Dominique.

Nous avons pendant deux jours eu notre content d’émerveillements et nous nous quittons tous très contents de notre escapade normande. ! Encore un grand merci et félicitations à Coco.

Michèle Maignal
Septembre 2010

samedi, octobre 02, 2010

La journé d'Arles


ARLES 22 mai 2010

« Veni, vidi, vici : je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu » avait dit Jules César après l’une de ses victoires en 47 av.J.C. « Ave César », ceux qui te regardent monter des eaux te saluent.

Nous ne pouvions pas rater l’exposition de l’année au Musée de l’Arles Antique « César, le Rhône pour mémoire » consacrée au buste de l’un des plus grands hommes de la Rome Antique qui a octroyé à Arles, à l’époque Arélate, en 46 av.J.C. le statut de colonie romaine pour la remercier de l’avoir soutenu dans sa lutte contre Pompée à Marseille.

Parce qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle tête : retrouvée dans les eaux boueuses du Rhône où elle baignait depuis très longtemps. Bien sûr on ne sait ni quand ni comment elle est arrivée là. Mais elle est extrêmement belle, en marbre de Phrygie, et bien conservée. Il semblerait d’après les experts que ce soit la seule sculpture faite du vivant du dictateur, toutes les autres ayant été réalisées post-mortem d’après un masque funéraire. L’expression du visage ridé et désenchanté, tellement réaliste, en est la preuve.

De par sa situation au confluent des principales voies navigables de l’époque, Arles était au cœur de tout le trafic commercial pour tout le pourtour méditerranéen. Et des milliers d’objets du plus gros au plus petit ont été repêchés ou gisent encore dans le fond du fleuve. Des objets les plus insolites, comme ce sarcophage !, raffinés comme cette coupe bleutée en verre , et de toutes provenances, même d’Afrique. Des amphores par milliers, de toutes origines (Grèce, Palestine, Crète, Asie Mineure), de toutes tailles, toutes formes et de toutes utilisations : huile, vin, conserves de poisson, sauce de poisson. Elles étaient facilement identifiables par un marquage spécifique.

On se doit d’admirer le courage des plongeurs qui jour après jour vont fouiller dans les eaux glauques du fleuve où l’on ne voit pas à deux mètres et le fond est une vraie poubelle. L’archéologue Luc Long, l’enfant du pays, est un de ceux qui y ont consacré une grande partie de leur vie. Une video nous montre combien cela doit être angoissant de s’enfoncer dans cet univers de ténèbres où même des hommes expérimentés n’ont pu résister à la panique et on abandonné. On peut également imaginer l’intense émotion qui doit submerger les plongeurs lorsqu’un trésor est arraché à sa gangue de boue.

Car l’exposition regorge d’autres merveilles : très grande amphore en bronze, casseroles en cuivre finement sculptées, statues en marbre les plus fins, ou en bronze, ou même recouvertes d’or pour cette Victoire. On y croise nombre de personnages de l’Antiquité : Bacchus, Esculape en toge avec son caducée, une Artémis éphésienne, un Lépide balafré, Neptune avec un chien et un admirable « barbare » en bronze, à la musculature magnifique, portant barbe et moustache, les mains liées dans le dos mais fier et arrogant.

Après tant de beauté et cette plongée dans le monde antique, nous allons déjeuner dans un restaurant, la Caravelle, spécialisé dans la cuisine de l’Arles Antique, menu élaboré par Taberna Romana ! Entre nous on ne sait pas trop ce que l’on a mangé, même si les noms simili-latins étaient « traduits » en langue vulgum moderne. Mais bon, ce n’était pas mauvais, bien qu’original. Evidemment on ne peut pas manger tous les jours de la bonne cuisine normande à la crème !!!
L’après-midi, visite guidée de Arles (guide-conférencier pour une fois pas terrible !).

Michèle Maignal / Juillet 2010

vendredi, juillet 16, 2010

Pique-nique de la Ste Baume... selon Michèle


Picnic Sainte Baume dimanche 27 juin 2010




Magnifique, mystique et mythique Sainte Baume.
Accueillante Sainte Baume. On s’y presse nombreux dès les beaux jours, pour goûter la nature, faire des randonnées, et emprunter le raide chemin qui mène jusqu’à la grotte sacrée.
On y vient pour certains faire ses dévotions à la grande Sainte et aussi surtout admirer le somptueux panorama que l’on découvre de là-haut.

Quant à nous les Normands, amoureux de la Provence, sommes venus pour un pique-nique et passer ensemble une journée forcément sympathique. Par chance nous avons réussi à trouver un endroit tranquille et relativement frais pour nous y poser.

Avant de nous installer pour déjeuner, nous avons droit à un apéritif, concocté et réalisé, selon la formule d’Evelyne, par les « petites mains » de bonne volonté. C’est comme toujours varié et délicieux. A nouveau : Merci et félicitations !

Ensuite nous dressons les tables pour y grignoter nos salades, dans une atmosphère gaie et détendue. A un certain moment éclats de rire et cris : Philippe est tombé ; rien de cassé, sauf sa chaise.

Pas question de faire la sieste : tables repliées et sacs glacières rangés, nous nous installons en cercle autour de notre chère Présidente. Après avoir donné toutes les informations sur les soirées théâtrales et distribué les cartes d’abonnement, elle évoque les soirées poétiques de Pourrières crées par l’Association dont elle fait partie avec Jacques ainsi que Hubert et Clotilde. Les inscriptions sont prises.



Puis Evelyne, mystérieuse et solennelle, nous annonce une grande et belle surprise : nous avons un écrivain de plus dans notre Association (nos Normands ont décidément bien du talent !). Notre Christian, technicien, informaticien, s’est révélé également poète. Il a réussi, ce dont beaucoup rêvent, écrire un livre, « son livre », au titre surprenant et mystérieux

« Le garçon qui dessinait des baobabs … »

Avec beaucoup d’émotion Evelyne nous présente l’ouvrage et nous en parle avec la sensibilité qui la caractérise. Le récit de Christian déroule les années, semble-t-il heureuses, de son enfance et de son adolescence en Normandie. Chronique d’une famille d’enseignants « à l’ancienne ». Le sous titre du livre s’intitule « fils d’instits, à l’école de ses parents ». Ecolier, il découvre les baobabs qui lui feront aimer l’Afrique. De l’importance d’un dessin, sur un destin…Souvenirs, nostalgie d’une époque révolue où les plaisirs les plus simples étaient source de joie.

Christian tient à remercier Coco pour l’avoir soutenu tout au long de cette année de création.

Nous vous invitons tous à le lire et le faire connaître autour de vous.
Le livre est disponible auprès de Christian au prix extrêmement modique de 12 € dont une partie est reversée à une association humanitaire « Le Lac Rose au Sénégal ».

Michèle Maignal
Juillet 2010



dimanche, mai 16, 2010

Des nouveaux normands

Devinette
Regardez bien le n° d'immatriculation
Oui c'est bien 14, c'est un pur lait.
Vous croyez ne pas les connaître et pourtant ils ont leur carte d'AMINOP depuis 3 ans.
Il était l'un des "hommes à la moto" et elle était "à bicyclette".
Vous verrez leur voiture à Nice mais pas à Arles.
Qui sont-ils?

jeudi, avril 29, 2010

Nous partageons...

Chers amis,

Nous venons d'apprendre avec tristesse le décès de la Maman d'Evelyne.
Certains d'entre nous avions eu l'occasion de la rencontrer au cours de soirées provençales à Pourrieres et nous avions été séduits par la personnalité de Denise.

Je pense me faire l'interprète de tous les Aminopiens, pour présenter nos sincères condoléances à Evelyne, sa soeur, son Papa et à l'ami Jacques.

Qu'ils trouvent dans notre amitié déjà ancienne, un début de réconfort et d'apaisement légitime.

Christian

jeudi, mars 25, 2010

Tristesse chez les Aminopiens ...

Bonjour,


Nous apprenons avec une grande tristesse le décès de l'ami : Paul RIBEAU.

Nous présentons à Jocelyne nos très sincères condoléances.

Nous espérons que l'amitié que nous lui portons puisse l'aider un peu à traverser cette pénible épreuve.



signé: cBecquet au nom des tous les Aminopiens

mardi, mars 23, 2010

Chapeau l'USQ !



Ai-je besoin de présenter l'USQ aux Aminopiens ?

Quand on est normand, amateur de football et que dans sa jeunesse on a foulé les stades, le souvenir de l'USQ est encore très présent !

Pour ma part, ayant porté le maillot des diables rouges (Rouen), je me souviens bien des derby chauds avec nos voisins ...

Dans USQ, Le Q c'est Quevilly (attention c'est Petit Quevilly) dans la banlieue sud ouest de Rouen et non le Grand Quevilly.

Sa qualification de ce soir en Coupe de France contre les pros de Boulogne est certes un exploit, mais il faut savoir que régulièrement l'USQ (en 4eme division) est un habitué des phases finales de la Coupe de France et adore "se faire" un grand...

BRAVO donc et en route pour les 1/2 finales !