dimanche, juillet 02, 2006

Souvenirs d'une amie défunte


Dear Yvette,

De naissance Marseillaise
Très vite tu es devenue « une petite Anglaise ».
Et tu as vécu dans beaucoup de pays du monde.

Tu es revenue il y a dix ans à Saint Maximin,
Oiseau blessé, mais digne et déterminée.
Nous nous sommes croisées sur le chemin
Toujours élégante pudique et discrète.
Juste un sourire, un geste de la main.
Nous avons voulu venir au secours de ta solitude,
Pour cela il nous a fallu, patiemment, t’apprivoiser.

Ta simplicité, ta générosité de coeur nous ont séduits d’emblée.
Nous avons fait beaucoup de choses ensemble
Nous avions les mêmes goûts, nous marchions du même pas.
Une grande complicité et une réelle amitié
Sans faille s’est établie entre nous.

Et puis au début de l’année, cette terrible nouvelle,
que tu as acceptée avec un tel calme et une telle dignité
que j’en ai été bouleversée.
Ton seul signe de faiblesse a été de dire
« j’ai l’impression de vivre un mauvais cauchemar ».

Tu m’as simplement demandé
« viens avec moi, ne me quitte pas ».
Alors pendant quatre longs mois
Je t’ai tenu la main, très fort,
Moralement et physiquement.

Au début tu cachais ton angoisse
Sous un masque de sérénité.
Nous avions foi en ta guérison qui paraissait proche.
Nous avions même fait des projets pour « l’après ».

Hélas la maladie a été la plus forte ; c’est moche.
Tu as refusé de souffrir plus longtemps, tu as baissé les bras
Sans jamais te plaindre, tu as abandonné le combat.

Maintenant tu t’es endormie, doucement, discrètement,
Pour toujours.

J’ai perdu plus qu’une amie : une sœur.
Tu laisses à tous ceux qui t’ont connue un grand vide.
S’il existe un au-delà, j’espère t’y retrouver un jour …

Michèle Maignal 5 mai 2006